Agenda de la Nouvelle-Aquitaine à Paris
< Retour à l'agendaLionel Chamoulaud - Limoges, la belle discrète
1er septembre
Après trente-sept années passées à la rédaction de France Télévisions, il a décidé en 2018, « sans mélodrame ni claquement de portes » comme il s’est plu à le répéter, de tirer sa révérence et de savourer le goût de la liberté. « Je m’étais tellement régalé que je n’étais pas sûr que cela reste aussi sympa pour l’homme blanc de plus de 50 ans ! » (1). Lionel Chamoulaud a privé le téléspectateur de sa voix et de son visage, que ce soit pour les tournois de tennis, les JO, les rallyes, et autres grandes manifestations sportives, il a réinvesti son savoir-faire, son humour et son enthousiasme dans sa propre boite de Conseil (2) .
Formation d’étudiants en journalisme, de cadres en entreprise à qui il apprend à prendre la parole en public, il est aussi dans de l’événementiel à Paris comme à Limoges, la ville qui lui tient toujours autant à cœur. « C’est un luxe considérable de choisir avec qui je travaille » dit-il.
Stations régionales de France 3, service des sports de France 2, toute la carrière de Lionel Chamoulaud s’est déroulée à la lumière de l’audiovisuel public. En 2011 l’Equipe magazine lui a décerné le Mag d’Or du meilleur présentateur d’émission de sport pour Stade 2. « J’ai perdu une particule en partant. Avant, on disait Lionel Chamoulaud de France Télévisions. Maintenant, je suis juste moi-même et je ne m’en porte pas plus mal ! » dit-il en riant. Il précise : « La télé ne m’a jamais rendu fou. J’étais lucide et le suis resté, heureux de profiter d’une totale liberté. J’ai pris ma destinée en main, je ne me force pas, je privilégie l’environnement familial et amical, y compris au boulot. »
C’est sans doute à Maurice, son père qui était preneur de son à France Bleu Limoges, qu’il doit son goût pour le direct et pour le sport. « Je le suivais sur les stades, j’adorais ça… » Tout naturellement, il s’oriente vers les études de journalisme à l’IUT de Bordeaux. Premiers stages à la radio, puis dans les stations régionales, première apparition à l’antenne en 1980 pour parler d’art contemporain aux Rencontres de La Rochelle.
« A mes débuts, j’ai côtoyé beaucoup de journalistes qui ont commencé leur carrière en province, j’étais comme une éponge, je les observais et j’apprenais toutes les ficelles du métier. Robert Chapatte, Léon Zitrone, Thierry Roland, Roger Couderc m’ont profondément marqué. J’ai retenu d’eux qu’il fallait travailler sérieusement sans se prendre au sérieux. »
C’est avec le même naturel qu’il s’implique chaque fois que c’est possible dans les activités de sa région natale.
« De Limoges, on retient surtout la porcelaine. Et les fameuses chaussures Weston qui y sont fabriquées. Mais il ne faut pas oublier le basket. Le Limoges CSP cumule les succès à l’international. Certes, dans « Out of Africa » Meryl Streep prenait ses repas dans des services en porcelaine de Limoges, mais le sport véhicule aussi beaucoup de choses. Sylvie Rozette, adjointe aux sports, et Pascal Biojout, organisateur de tournois de tennis, ne me contrediront pas. Les équipes locales rassemblent beaucoup de supporters, elles créent elles aussi une identité, procurent une fierté. »
Il est né à Saint Mathieu commune des Monts de Châlus intégrée dans le parc naturel régional Périgord-Limousin, a grandi dans le quartier du Puys-las-Rodas dont la colline abrite un émetteur de TDF diffusant notamment la télévision numérique terrestre… On pourrait y voir l’origine de sa future orientation professionnelle ! Etudes au lycée Renoir, et comme il était bon au football, il est intégré au Limoges FC.
Lionel aime aussi la musique. Avec ses copains François Buffaud et Hervé Merveille il crée le groupe Les grillons. Guitare et chant bercent ses jeunes années.
« Je suis très Sud-Ouest. Je devrais dire très Nouvelle-Aquitaine maintenant que la Haute-Vienne a été intégrée dans cette belle région. »
« Quand j’étais étudiant à Bordeaux j’avais pu découvrir le Pays Basque que j’adore. J’y ai rencontré ma deuxième épouse Alison, une Anglaise qui était en vacances chez des amis à Saint-Jean-de-Luz. Notre fils Elliot y a eu en 2008 son baptême républicain célébré en même temps que notre mariage par Peyuco Duhart, le maire de l’époque. » Son frère Vincent vit à Montpellier où il est agent de sportif, son autre frère Bertrand a fait carrière dans la police et est en poste au ministère de l’Intérieur place Beauvau. Leur père disparu, la fratrie aime se retrouver à Limoges où vit toujours leur mère Yvette et à laquelle Paul et Jean, les deux aînés de Lionel, sont toujours très attachés.
Lionel Chamoulaud avoue un regret, celui que Limoges et la Haute-Vienne ne cherchent pas à se mettre davantage en valeur, à faire connaitre tous leurs atouts. « Cette ville est trop discrète. C’est peut-être le prix à payer pour y être tranquille. Ici, on est peinard, pas de querelles autour d’un aéroport ! » Ce n’est pas une des chamoulades qui ont fait son succès.
Avec son inaltérable tempérament rassurant il se réjouit : « Notre campagne a un charme fou, la preuve, s’il en fallait une, beaucoup d’Anglais et d’Allemands y réhabilitent des fermes. On est au cœur de la France et donc loin de rien ! ».
Que demander de plus ? Ah si… « Que la belle discrète continue de sortir de sa douce torpeur sous l’impulsion d’Emile-Roger Lombertie et son équipe ». Voilà, c’est dit !
Recueilli par Régine Magné
(1) Allusion aux propos de Delphine Ernotte, patronne de France Télévisions qui en septembre 2015 déclarait sur Europe 1 : « On a une télévision d’hommes blancs de plus de 50 ans, et ça, il va falloir que ça change. »
(2) Lionel Chamoulaud Conseils, société implantée à Meudon (92190).